60 ans du Fenix

Cet article du journal Toulousain est une interview d’Alain Raynal par Edgar Courtine.

1964-2024 : le Fénix, 60 ans de handball à Toulouse 

Le Fénix Toulouse Handball fête son 60e anniversaire ce jeudi 25 avril (20h30) à l’occasion de la réception de Saran au palais des sports. De la création à la structuration professionnelle du club, retour sur six décennies de handball à Toulouse avec Alain Raynal, ancien joueur et entraîneur. Témoin du temps et figure emblématique, l’actuel directeur du centre de formation a signé cette saison sa 50e licence au club. Il narre les hauts et les bas du handball toulousain. 60 ans résumés en 7 dates clés.

1964 : Création du club de l’ASEAT

Avant de se dénommer Fénix Handball et de fêter ses 60 ans, le club a connu plusieurs identités. L’histoire démarre au milieu des années 1960. Et comme souvent à Toulouse, le sport est lié à… l’aéronautique. À la genèse du projet de club de handball : l’association sportive des établissements aéronautiques de Toulouse, l’Aseat. Premier nom du club, qui verra Jean Weber, entraîneur historique du club diriger la première équipe fanion. En 1972, Toulouse s’installe dans la plus haute division nationale, sans pour autant que le championnat ne soit professionnel. Alain Raynal, actuel directeur du centre de formation et joueur de l’Aseat en 1972, se souvient : « Quand le club est créé, il n’existait alors que trois divisions. Une division régionale et deux divisions nationales. Nous étions loin du monde professionnel que l’on connait aujourd’hui. Les entraînements se faisaient souvent à l’extérieur sur du béton. C’était une autre époque. »

1978 : L’Aseat devient le Stade Toulousain Handball

À mesure que le club grandit, les craintes se décuplent du côté de l’Aseat. « Le club a rapidement été compétitif. Les filières jeunes ont particulièrement performé et l’Aseat, qui n’était qu’une structure corporative, a vite été inquiète des contraintes budgétaires que cette évolution engendrait. Le lien a donc été rompu par la force des choses. Il a vite fallu trouver une structure pour nous accueillir. À l’époque c’est le Stade Toulousain, qui comportait déjà de nombreuses sections, qui nous a accueilli », détaille Alain Raynal.

L’histoire avec le Stade Toulousain durera jusqu’à la fin des années 1980. Pris par d’autres obligations et désireux de développer d’autres sections sportives, le club rouge et noir ne faisait pas du handball sa priorité. En 1989, place au Sporting Toulouse 31 : « Ce sont les collectivités qui ont sauvé le club à cette époque », confie le directeur du centre de formation.

1995 : Accession à la première division française

1995 marque une année charnière pour le club. En accédant à la première division française, Toulouse devient un haut lieu du handball français. Elle continue en parallèle à former une multitude de joueurs et attire également de grands noms. Jusqu’à la fin des années 1990, Toulouse verra se succéder Benoit Chevalier, Stéphane Plantin, Jérôme Fernandez, Rudi Prisacaru, entres autres. « Nous avons eu de grands joueurs au club. Claude Onesta, Jean Weber et moi-même avons passé beaucoup de temps à les convaincre de défendre notre maillot », se remémore Alain Raynal.

Saison 1996-97 : Le duo Onesta-Raynal sur le banc du club : l’âge d’or du handball toulousain 

Un illustre Claude dans la ville Rose, cela ne s’invente pas. Mais avant de devenir multi-médaillé avec l’équipe de France, Claude Onesta a brillé sur la scène nationale avec Toulouse, aux côtés d’Alain Raynal sous la nouvelle dénomination Spacer’s dès 1996. Le duo façonne un groupe qui offrira à Toulouse le plus grand titre de son histoire.

1998 : Toulouse remporte la Coupe de France

Emmené par son capitaine roumain, Rudi Prisacaru, décrit par Alain Raynal comme « l’un des joueurs les plus complets de l’histoire du club » Toulouse remporte la Coupe de France aux dépens de Montpellier en 1998. Parmi les joueurs artisans de ce sacre : Stéphane Plantin, Christophe Kempé, Jérome Fernandez et dans les buts Bruno Martini. Une génération biberonnée à l’école toulousaine chère au duo Onesta-Raynal. « C’était une saison en tout point exceptionnelle », se souvient Alain Raynal. « Avec des joueurs qui par la suite auront une grande carrière en équipe de France, nous avons terminé troisièmes du championnat et nous remportons cette Coupe de France face à l’une des plus grandes équipes de l’époque, Montpellier. Cela reste comme l’un des plus grands moments de l’histoire du club. »

2006 : Inauguration du Palais des Sports André Brouat 

Le début des années 2000 marque un virage important vers le professionnalisme. L’émergence du handball en France par les titres de champion du Monde en 1995 et 2001 par les Bleus accélère cette transition. Toulouse suit le mouvement et décide de construire le palais des sports André Brouat au coeur de Toulouse. « C’est un tournant structurel, plus que sportif » admet Alain Raynal. Le club s’installe au grand palais des sports et n’a jamais quitté l’élite depuis qu’il y a accédé en 1995.

2011-2013 : Le Toulouse Handball frôle la disparition et devient Fénix

Le professionnalisme est arrivé. Le centre de formation continue de fournir un vivier de joueurs indispensable au bon fonctionnement du club. Dans les années 2010, Rémi Calvel, Valentin Porte, Pierrick Chelle, Wesley Pardin sortent de l’académie. Mais après que le club soit devenu Fénix Toulouse Handball en 2011, le président de l’époque et principal investisseur, Patrick Salles décide du jour au lendemain de quitter ses fonctions, mettant en péril l’ensemble de l’institution.
Alain Raynal raconte : « C’était un moment très difficile pour le club. Certains joueurs ont consenti des baisses drastiques de salaires de l’ordre de 30% pour maintenir le club à flot. D’autres ont fait le choix de ne pas rester au club. L’intersaison à l’été 2012 a été particulièrement chaotique. Nous nous demandions même si nous allions pouvoir jouer la saison. À ce moment là, et il faut le souligner, la municipalité de Toulouse a été particulièrement aidante et a lancé un projet de reprise auprès d’investisseurs. C’est finalement Philippe Dallard, qui est arrivé à la présidence et qui a redressé la barre. » Le patron du groupe automobile éponyme est d’ailleurs toujours à la tête du club de handball toulousain.

2022 : Le Fénix atteint les huitièmes de finale de l’European League face à Benfica

Les années Dallard démarrent par une reconstruction de l’effectif. Toulouse se maintient dans l’élite. Petit à petit, les résultats s’améliorent et Toulouse, grâce à des recrutements astucieux et une philosophie de jeu tournée vers le jeu rapide, parvient à se qualifier en Coupe d’Europe. Mieux, le Fénix atteint en 2022 les huitièmes de finale de l’European League et accueille le Benfica Lisbonne. Un moment d’histoire avec une victoire face aux lisboètes dans un palais des sports survolté. Au retour Toulouse échouera de très peu à Lisbonne mais prendra rendez-vous pour la suite.