Hommage d’Alain Raynal à Jean Weber

 

Personnellement la dernière fois que j’ai évoqué le parcours de Jean en public, c’était en décembre 2004 pour saluer les succès de sa seconde vie, celle d’artiste. Cette Rétrospective organisée grâce à Claude Merz à Sporting Village était un jour heureux.

Aujourd’hui il s’agit de lui dire adieu

Jean a été mon entraîneur pendant une dizaine d’année, puis pendant vingt cinq ans mon collègue, ou plus exactement mon compagnon de route voire mon complice. Nous sommes évidemment devenus amis, une amitié où se mêlaient affection et respect.

J’ai pu apprécier l’homme qu’il était sous toutes ses facettes:

-d’abord l’homme et le père:
Ce qui dominait chez lui, c’était sa force de caractère et sa détermination sans faille.
Jean qui pouvait paraître distant voire hautain au premier contact était en fait quelqu’un de chaleureux, de jovial d’attachant.
Il prenait soin de son élégance légendaire en toutes circonstances et il avait une forte propension à communiquer son optimisme au travers d’un humour décalé voire corrosif.

Fier du parcours de ses filles, conseiller voire acteur de leurs projets, il était devenu au fil du temps une personne ressource pour ses petits enfants.
Chère Christine, chère Frédérique, chère Virginie votre père était un homme bien.
Je vous adresse, je crois pouvoir dire au nom de tous les acteurs du club d’hier et d’aujourd’hui, toute ma compassion émue pour la terrible période que vous êtes en train de vivre.
J’y associe toute votre famille et en particulier Lucas que j’ai eu le plaisir d’accompagner dans une partie de son parcours de formation.

-Ensuite le prof d’EPS:
souvent craint mais toujours respecté tant son enseignement était dynamisant.
Pour les connaisseurs, le travail en cascade, le chrono étaient ses outils favoris.
Son opposition aux dérives de l’EPS moderne était légendaire et sa devise était devenue: le javelot plutôt que le stylo.
Il ne laissait pas beaucoup d’espace vital aux apathiques ou aux tricheurs.

Pour l’essentiel, il fut un dénicheur de talents et un formateur hors pair au Lycée Raymond Naves, creuset de Formation de nombreuses générations de handballeurs toulousains.
Son indépendance d’esprit l’ont longtemps tenu à distance de la formation fédérale, mais il a su créer au lycée un cadre personnel innovant pour faire éclore de futurs joueurs de haut niveau voire internationaux.
Pour l’anecdote:
Il a même su transformer un lanceur de poids en handballeur de haut niveau. Merci Cyril Viudès d’avoir été présent pour les derniers instants de Jean.

Enfin l’entraîneur:
Amené au club par François Garrido le fondateur de l’ASEAT, il en fut la figure de proue sur différents niveaux de compétition entre 1968 et 1996.

Il conduisit le club à plusieurs titres de Champion de France sous les couleurs de l’ASEAT, du Stade Toulousain et il était l’entraîneur de l’équipe du Sporting Toulouse 31 qui a accédé à la 1ère division en 1995. Statut que le Fenix fait perdurer aujourd’hui depuis 28 ans sans interruption.

Il se retira en 96/97 nous permettant (Claude et moi-même) de remporter la Coupe de France 98. Ce trophée majeur, unique, était en bonne partie la concrétisation de son action.

Tous ceux qui l’ont côtoyé, qui ont travaillé avec lui, qui ont été marqués par sa facon de manager un groupe savent quelle était la richesse pédagogique et humaine de Jean.

Il avait un côté visionnaire, il était un innovateur en matière tactique en proposant des organisations de jeu d’avant garde en particulier dans le domaine défensif. Claude Onesta s’en est inspiré par la suite avec l’Equipe de France.

Il était un précurseur dans de nombreux domaines en particulier le travail en équipe et l’utilisation des techniques de représentation mentale de type sophrologie devenues courantes par la suite.

Mais, comme me le rappelait François Woum Wium, il était aussi capable d’intéresser ses joueurs et de sensibiliser leur esprit dans des domaines extérieurs au sport.

Il savait surtout mobiliser ses joueurs, les “bousculer” pour obtenir plus quite parfois à se faire haïr pour les faire réagir.

Ceux qui ont vécu cette époque la relatent aujourd’hui encore avec émotion, respect et reconnaissance.

Jean n’est plus, mais il est encore dans chacun d’entre nous par tout ce qu’il nous a transmis.

ADIEU JEAN

Alain Raynal